Les paris sont ouverts ! Comme à chaque décennie anniversaire, la quasi-totalité des spécialistes de la franchise va se féliciter de l’efficacité de la loi Doubin (après s’être farouchement opposés à son vote à la fin des années 80) et réaffirmer la nécessité de surtout ne rien changer à la réglementation qui encadre l’information précontractuelle obligatoire en franchise … Ou alors, ce sera silence radio !
Les mêmes spécialistes louent sans retenue les performances des enseignes jusqu’au jour où ils découvrent que l’une d’elles dépose le bilan. Ils vous expliquent alors que le franchiseur a multiplié les erreurs de casting, qu’il s’est développé trop vite, qu’il a été trop gourmand financièrement ou qu’il n’a pas su adapter son concept tout en prenant soin de ne pas s’attarder sur le fait qu’ils n’ont rien vu venir !
Prenez le cas de LA PATATERIE et recherchez les déclarations d’experts qui ont émis des réserves sur l’enseigne et mis en garde les candidats à la franchise. Vous n’en trouverez pas … Pourtant dès 2011 (et probablement avant), l’étude du CA annuel moyen des franchisés(1) montre que cet indicateur est en chute libre et que cette chute ne va aller qu’en s’amplifiant les années suivantes (2).
Le problème, c’est que rien dans le décret d’application de la loi Doubin n’impose aux franchiseurs d’informer leurs futurs partenaires sur la santé financière de leurs franchisés. En d’autres termes, rien dans l’information précontractuelle obligatoire ne permet aux futurs franchisés d’évaluer le risque qu’ils prennent en investissant dans un concept de franchise. De fait, ceux qui ont rejoint le réseau LA PATATERIE entre 2012 et 2017 ont signé leur contrat sans avoir aucune information sur ce point tout en étant encouragés à investir dans le concept par des experts qui dans la presse ne tarissaient pas d’éloges sur les performances de l’enseigne (3).
Les futurs franchisés peuvent-ils correctement évaluer le risque qu’ils prennent à investir dans un concept de franchise en l’absence d’informations relatives à la santé financière des franchisés qui exploitent ce concept (taux de réussite des franchisés du réseau, CA annuel moyen des franchisés) ? Peuvent-ils signer leur contrat en connaissance de cause s’ils ignorent que leur franchiseur a été condamné en justice ou qu’il adopte des comportements contraires à l’esprit de la franchise ?
Dans la droite ligne de cette réflexion, nous avions publié en 2014 la traduction d’un article paru dans FRANCHISE UPDATE sur le sujet, Le temps de la transparence est venu ! Cet article dénonce notamment l’attitude des franchiseurs qui s’ingénient à inonder leurs futurs partenaires de réponses à des questions sans grand intérêt pour éviter de répondre aux questions essentielles que se posent les aspirants à la franchise.
Pour illustrer ce constat, nous allons publier d’ici la fin de l’année, des articles montrant la face cachée de différents réseaux en mettant à chaque fois en perspective les arguments marketing utilisés par les franchiseurs pour attirer les candidats à la franchise.
(1) https://franchise-et-transparence.fr/evolution-chiffre-affaires-annuel-franchises-la-pataterie/
(2) LA PATATERIE a été reprise en 2017 par les fonds d’investissement Verdoso et Smartholding. La situation des franchisés depuis cette date est potentiellement différente de celle décrite dans cet article. Nous exhortons les personnes intéressées pour investir dans le concept à ne signer leur contrat qu’après avoir obtenu des informations exhaustives sur la situation financières des franchisés.
(3) https://franchise-et-transparence.fr/image-marketing-reseau-la-pataterie/